Suivi nutritionnel et accompagnement psychologique après une chirurgie bariatrique en Tunisie

Le succès d’une chirurgie bariatrique ne se limite pas à l’acte opératoire ; il repose sur un suivi diététique progressif, une supplémentation micronutritionnelle continue et un soutien psychologique adapté. Cet article décrit les phases clés du suivi nutritionnel, les recommandations de surveillance biologique, les modèles d’accompagnement psychologique pré- et post-opératoire, ainsi que le rôle d’une équipe pluridisciplinaire. Des témoignages illustrent l’importance de cette prise en charge intégrée pour pérenniser la perte de poids et améliorer la qualité de vie des patients en Tunisie.

Contexte et enjeux

La Tunisie connaît une prévalence croissante de l’obésité, faisant de la chirurgie bariatrique une modalité thérapeutique de plus en plus sollicitée. Toutefois, sans un protocole de suivi rigoureux, les risques de carences, de reprise de poids ou de troubles psychologiques post-opératoires restent élevés. Il est donc crucial de mettre en place un accompagnement global, alliant expertise diététique et soutien psychologique.

1. Importance du suivi nutritionnel

Le suivi diététique post-bariatrique est reconnu comme un facteur déterminant de la réussite à long terme :

• Un accompagnement diététique par un diététicien ou un médecin nutritionniste dès la phase post-opératoire immédiate permet d’adapter textures et apports protéiques et de prévenir les complications nutritionnelles.
• L’éducation alimentaire et le fractionnement des repas (5 à 6 prises/jour) favorisent la satiété et limitent la dilution calorique, gage d’une perte de poids durable.

2. Phases du suivi nutritionnel

Le protocole standard comprend cinq phases progressives, encadrées sur 6–8 semaines et guidées par un diététicien :

1. Phase 1 – Régime liquide (jours 1–7) : liquides clairs et hyperprotéinés pour protéger la muqueuse gastrique.
2. Phase 2 – Liquides complets (semaines 2–3) : introduction de boissons lactées, soupes et compléments protéiques.
3. Phase 3 – Purées et aliments mixés (semaines 3–4) : texture homogène, apport protidique 60–80 g/jour.
4. Phase 4 – Aliments mous (semaines 5–8) : viandes tendres, légumes bien cuits, fruits pelés, fractionnement toujours respecté.
5. Phase 5 – Retour progressif à la texture normale (mois 2 et plus) : diversification alimentaire, équilibre protéines/lipides/glucides, mastication soigneuse.

3. Supplémentation et surveillance biologique

La malabsorption inhérente à certaines techniques bariatriques expose à des carences :

• Supplémentation en micronutriments (fer, calcium, vitamine D, vitamine B12, multivitamines) doit débuter dès le postopératoire et se poursuivre à vie.
• Bilans biologiques annuels pour ajuster les doses et détecter précocement les carences, notamment en fer et vitamines liposolubles.

4. Accompagnement psychologique

Les modifications rapides du corps et des habitudes alimentaires peuvent entraîner anxiété, troubles de l’image et comportements à risque :

• Évaluation préopératoire : dépistage des troubles du comportement alimentaire (TCA), de l’anxiété et de la dépression.
• Soutien post-opératoire : entretiens individuels, groupes de parole et ateliers psycho-éducatifs, selon un modèle en trois étapes (pré, immédiat, long terme).
• Modèles endossés par la British Obesity & Metabolic Surgery Society : offre de ressources en ligne, ateliers de groupe et suivi avec psychologue clinicien 6–9 mois après chirurgie.

5. Rôle de l’équipe pluridisciplinaire

Une équipe intégrée maximise la qualité de la prise en charge :

• Chirurgien bariatrique : choix de la technique adaptée au profil du patient.
• Diététicien(ne) : élaboration de plans alimentaires personnalisés et contrôles réguliers.
• Psychologue/Psychiatre : suivi des TCA, soutien motivationnel et stratégies cognitivo-comportementales.
• Kinésithérapeute ou coach sportif : programme d’activité physique progressive pour préserver la masse musculaire et optimiser la dépense énergétique.

6. Témoignages et retours d’expérience

« Grâce à mon diététicien et à nos séances hebdomadaires, j’ai pu réapprendre à manger sans douleur et j’ai retrouvé confiance en moi », témoigne Leïla, opérée à Tunis.
« Le groupe de parole m’a permis de partager mes doutes et de me sentir soutenu », confie Sami, suivi à Sousse.

Ces retours illustrent l’importance d’un accompagnement global pour maintenir la motivation et prévenir les rechutes.

Conclusion

Un suivi nutritionnel structuré, allié à un accompagnement psychologique continu, est la clé d’une perte de poids durable et d’une meilleure qualité de vie après chirurgie bariatrique en Tunisie. Les équipes médicales et paramédicales doivent collaborer étroitement pour offrir un parcours patient sécurisé, personnalisé et pérenne.